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Emmanta, Quanticienne Chamanique, vallée de Chevreuse, entre Versailles et Rambouillet (78)

Recueil d’un deuil

Recueil d’un deuil

Glad, c’est le cheval de ma vie.
26 05 1994
03 12 2023

31 octobre, c’est une des étapes clefs dans mon chemin de vie, l’évolution vers l’acceptation de mon image : mon 1er shooting professionnel (en vue de l’article dans Madame Figaro). 

Il fait beau, le photographe et moi, nous ne nous connaissons pas, mais intuitivement, nous sentons l’un et l’autre que  » ce serait chouette de faire des photos avec les chevaux ». Jour J, il fait beau, pour la facilité comme la signification du moment, c’est avec Glad que nous faisons ces photos.

Tout va vite et comme toujours Glad est parfait.

 

7 novembre, 1er rdv véto, d’une longue liste, car Glad est en diarrhée et il boude ses rations. Je trouve des solutions mais rien n’est pérenne.

Prise de sang : baisse de taux protéique, mais cela est normal avec la diarrhée. A part ça, ça va. On pousse plus loin pour savoir si le cushing serait derrière le refus de manger.

Le taux ACTH est faible, même le véto ne conseille pas de suivi chimique.  Mon amie, Elisandre, une nauro pro, habituée au lecture de prise de sang, me confirme que les autres marqueurs (ACTH ne dit pas tout) prouve un cushing installé : on va s’en occuper.

 

Glad a 4 aliments différents, on tourne comme on peut pour qu’il accepte de manger. Il est fatigué, il a 29ans, l’hiver est arrivé  brutalement, c’est normal. La diarrhée repart, il passe sous antibiotique.

Un gros œdème ventral et pectoral s’installe, les vétos passent et le cas est pris très au sérieux : Pierre-Arthur Maréchal est aux petits soins, très à l’écoute. A certains moments Glad respire mal, Valentin Detobel vient aussi.

Un dimanche soir, Jean David Kartheuser écoute au stétho et entend un possible souci au niveau du cœur : aucun autre véto n’en parle, mais mon scan énergétique valide aussi cela.

 

Olivier prend du temps quand c’est nécessaire, Joanna, une nounou de chevaux professionnelle exceptionnelle  est très présente pour nous aussi. Joanna Ebberga c’est 1000 fois plus qu’une personne que j’ai embauché pour gérer mes chevaux les matins et pendant mes absences. Elle connaît tout à tout, prend les décisions adéquates, ne lâche rien même dans les moments les plus complexes : une personne en or comme on en voudrait tous auprès de nous !

Depuis déjà longtemps, Joanna est une amie pour moi, elle compte beaucoup, je sais sa valeur humaine et professionnelle et j’espère qu’elle ne nous quittera que pour le meilleur pour elle, et j’espère pas avant longtemps. C’est comme ça, quand le cœur est dans la partie, on voudrait que tout dure, toujours.

Les yeux fermés et le cœur ouvert, je pars 3 jours en déplacement dans le 28. Joanna gère, suspicion d’œdème pulmonaire, Pierre Arthur fait une écho, mais au portatif rien ne ressort.

Par exemple, Joanna c’est la pro qui sait qu’il faut limiter la tonte quand un cheval vit dehors même couvert, alors Pierre Arthur accepte, inonde d’alcool mais ne tond pas. Je me sens entourée, j’ai peur d’où on va mais je me sens entourée.

Glad commence un suivi de cortisone à dosage moyen mais quotidien en intra musculaire : il n’aime pas mais il tolère !

 

Je dois partir en tournée dans le Nord, 4 jours du 24 au 27 novembre, l’état de Glad est préoccupant, j’hésite… mais travailler est aussi nécessaire pour payer les factures qui s’envolent.

Je refuse de dire NON à un traitement ou un examen faute de moyen, c’est mon choix, alors je bosse et j’assume.

Je décide donc de partir.

 

Le 24 novembre, matin, alors que j’en suis à faire mon sac pour partir, que la tournée est validée, Glad va mal. J’appelle Pierre Arthur, j’explique la situation. 

Je lui fais confiance et je tombe des nues quand il me dit  » pronostic vital engagé, il faut partir en clinique, Grosbois car eux (Desbrosses) sont plus spécialisés en locomotion qu’en médecine interne ».

Pour Olivier c’est aussi une journée très importante, alors qu’il partait pour une grosse installation son et lumière sur Paris, je l’appelle, j’explique. Il fait demi tour, pour lui comme pour moi, c’est nos animaux d’abord.

Je pleure, je suis inquiète. On doit sortir le van, toute la rue est en travaux depuis des mois  » ah ben non c’est pas possible  » dixit les gars du chantier… C’était mal nous connaitre, on aurait déplacé le semi-remorque nous-même s’il avait fallu.

Les gars du chantier le comprennent. On arrive au pré.

Glad est parfait, Joanna et Marjorie (cette amie là c’est la tata balade pour les minis) sont présentes, la balade des minis est reportée. Elles restent avec les chevaux alors qu’on embarque Glad en van.

Je pleure et je promets qu’on revient, que quand on part, on revient toujours… c’est ce que je dis, toujours à Léon notre chat un peu particulier qui n’aime pas quand je pars en déplacement.

Olivier est comme moi, émotionné mais il préfère gérer à sa façon = on va tout faire et on va au meilleur endroit pour Glad.

Les chevaux hennissent et sont inquiets, les filles assurent en restant jusqu’au calme relatif, elles ont été formidables.

 

On arrive à Grosbois, à environ 1h de route, Glad est parfait, comme toujours. Il hennit en voyant un pote cheval sur le parking, fait un peu les gros yeux pour arriver sur le sol de l’entrée de la salle de visite (couleur bordeaux), nous rencontrons Docteur Valérie Déniau, qui a été formidable.

Elle parle bas, et pas beaucoup. Ses gestes sont précis, sa réflexion construite, ça se sent. Après l’étude clinique, on passe en salle d’écho. Là, il n’est plus question de limiter la tonte. Je comprends que c’est grave, et que Glad veut qu’on sache : lui qui n’a jamais rien laissé paraître même en pleine carrière sportive à haut niveau en endurance.

Dès qu’elle est, sans un mot, à un endroit clef, Glad mâchouille, même s’il est un peu tendu, tous les examens se déroulent sans sédation. Glad est comme ça : toujours parfait. Be Super Glad, le bien nommé !

Je n’y connais rien en écho mais Docteur Déniau fait tout le cheval, des 2 côtés, du fourreau jusqu’au poitrail.

Prise de sang aussi, analysée sur place, qui permet un diagnostic précis, sur place. 

Quand elle a fini, le couperet tombe : lymphome, cancer système lymphatique qui s’exprime de différentes façons en digestif ou respiratoire. Glad est à un stade très avancé, lymphome généralisé.

Je suis sous le choc, je comprends sans comprendre.

Après un prélèvement de liquide pulmonaire (c’est impressionnant de voir qu’une aiguille de quelques centimètres suffit au prélèvement), la docteur Déniau nous propose une biopsie rectale : tout est réalisé toujours sans sédation… j’ai déjà dit que Glad est parfait ? 

Un court moment de questions / réponses.

Depuis quand ? aucune idée, trop peu de cas, et comme je dis à la véto  » qui amène un cheval déjà très âgé en clinique pour faire une batterie d’examen quand il commence à aller moins bien, ne mange plus trop ?  » peu de gens, donc peu de recul sur cette pathologie. Il faut accepter ce qui est.

Il y a 3 semaines, Glad était avec moi au shooting photo : superbe de ses 29 ans.

Il a jusqu’à quand ? aucune idée, mais je comprends que pour elle, le délai est court.

Que faire ? augmenter la cortisone, il n’y a rien d’autre à faire. L’accompagner, qu’il ne souffre pas, nous devons être le garant de sa non souffrance, qu’il s’alimente et vive avec ses copains, le mieux possible.

Il n’a plus seulement 29 ans, il est atteint d’un cancer généralisé dont aucun pro, d’aucune branche, n’a jamais vu de rémission.

Je suis sous le choc, à l’aller en clinique, j’ai eu le besoin de prévenir les très très proches : j’ai fait un message privé que j’ai nommé  » Glad va faire un tour en van ». C’est ce qu’on a fait, un tour en van, pour apprendre et revenir avec un flacon énorme de cortico, une batterie d’aiguille et de seringue.

Olivier est désarmé car même si on veut payer pour  » tout tenter « , rien ne peut être fait : découvrir que la Nature est plus forte que la volonté de prendre en charge, c’est douloureux.

Nous rentrons au pré.

Le soir tard, 22h30, on va sur Paris, je suis Olivier, on est comme en lévitation, projeté dans un autre monde où rien n’est maîtrisable. A 22h30, on ne serait pas au pré de toute façon, on serait à la maison, et peut-être trop à pleurer.

Olivier mixe (DJ) pour un gros évènement, une bulle hors de ce nouvel espace temps dans lequel le temps devient compté.

 

Depuis le 24 novembre, j’alterne entre pleurer et gérer.

Physiquement au moment de l’annonce mon cerveau a vécu un tel shoot d’endorphines que j’ai mis du temps à réussir à réfléchir, ça se compte en nombres de jours ! Je m’en suis rendue compte car j’ai fait des oublis  » évidents » (suis partie en tournée avec pleins de pull mais pas de t-shirt). Je me suis sentie assez déconnectée de moi-même comme shootée… ça m’a renvoyé au souvenir de l’effet de la morphine (suite accident de moto). J’ai eu besoin de ne pas trop agir, pas trop échanger, et cela pas pour m’enfermer dans ma bulle juste pour encaisser le tsunami qui me traverse.

 

Je commence à revendre les compléments et la palette de pure feed que Glad ne mangera jamais…  Merci à mon amie Marthe d’avoir été présente encore ici. Je réfléchis sur le pratico-pratique de « la suite » et je pleure.

J’ai prévenu Olivier que je ne partais pas à la montagne en janvier, partir si loin, si longtemps non.

J’essaie de rester focus sur le pratico-pratique pour ne pas me noyer dans le cocktail de pensées / souffrances dans lequel j’aire… je gère…

 

Je sens dans mon corps la résonance avec les mots  » je suis morte un peu quand il / elle est parti  » et pourtant Glad est toujours là.

Mon corps se marque très fort actuellement : rides / cernes / chevaux blancs. Je sais que c’est normal et que  » c’est ainsi « .

Je voudrais écrire tout ce que je traverse, et en même temps, ne pas le faire me permet de faire comme si ça n’existait pas.

J’alterne entre gérer ( car il faut ) et me laisser aller ( car il faut). J’ai envie de frapper et de tuer ces « il faut » mais parfois il n’y a que la dualité en soi. Et quand ça ne va pas, la dualité apaise. 

Tout cela est très énergivore. Je mange pas plus, voire moins, et je stocke, je sais  » c’est normal  » mais c’est chiant, comme la peau ultra sèche et les poches sous les yeux ! Une amie m’a dit plus tard  » tu manges ton hiver » et bien c’est exactement cela, j’ai commencé le 24 novembre.

 

Le 26 et 27 novembre, je pars en tournée. Je l’ai divisé en 2, je prends à ma charge les frais de déplacement, toujours pareil, mon choix de ne pas limiter mes soins pour mes chevaux, je décide de partir, je sais aussi que je suis attendue pour dispenser des soins.

Glad va mieux, la cortisone le requinque, il mange, il est gai, c’est Pierre Arthur qui vient le piquer et il fait ça avec une immense délicatesse.

 

Ces 2 jours me font du bien, je suis obligée d’être focus sur d’autres, qui m’attendent aussi, pour des pathologies lourdes aussi, je pars pour uniquement des séances au Polar 4.0 : c’est lui qui fait les scans, ainsi ma compétence ne sera que rationnelle (enfin… à ma façon quoi ˆˆ) et cela, je sais le faire. Cela fait déjà quelques années, je sais que je peux couper mes difficultés perso pour me mettre à disposition des individus que je vois en séance.

 

Le 27, j’ai été bloquée et j’ai fait 650 km sous la pluie battante + 2 séances. Résultats… sciatique +++

Une blague de mauvais goût de la part de gars de chantier en Belgique, je suis partie 1 journée et demi, j’ai tenu et assuré à 100% mes rdv, je suis fière de la professionnelle que je suis, Glad va bien.

Je ne regrette rien de mon choix d’être partie 2 jours, j’étais à moins de 3h de route et à n’importe quel moment je pouvais rentrer.

 

Mon corps somatise.

Le 28 matin, je suis bloquée dans mon corps : je connais le décodage de ce blocage, mais 

je sens que c’est différent quand même. 

C’est aussi douloureux que pendant le confinement ; mon mal de dos n’était pas plus supportable assise, qu’allongée.

Je sais que le besoin de liberté, de choix, de mouvement est le fond de ce blocage mais… Le vivre fait mal au-delà de le comprendre.

Depuis le 28 novembre, je ressens tout encore plus fort (en pro et en perso) et pour le moment, c’est sans me déstabiliser (fou !).

C’est comme si j’avais ouvert une autre bulle de pouvoir… 

Je me sens profondément liée aux Ancêtres, je me tourne vers eux dans mes méditations.

Glad est le cheval de ma vie, sans lui, rien du reste de ma vie n’aurait eu lieu comme ça a eu lieu.

Je reçois des infos des Guides, de Glad, ce n’est pas le moment du passage pour lui vers la Lumière mais je reçois comme des cadeaux de là haut, sans trop savoir ce que c’est, ni pourquoi…

 

Voilà… Depuis le 24 il s’est passé 6 jrs, je ressens 6 semaines tellement de choses existent et meurent en même temps.

Le 30 novembre, je fais de si jolies photos de Glad heureux, je souligne 29 ans, 23 ans de vie commune en 2023.

C’est plus tard que je pourrais comprendre la résonance des dates, tellement juste, des synchronicités ou plutôt des rappels de l’Univers qu’en fait… je savais déjà, bien avant que tout se passe, je savais, mais je ne l’avais pas intégré, en simple humaine que je suis. 

L’Univers sait et nous dansons sur son savoir sans le voir.

 

Je n’arrive pas à me dé-solidariser des injections de cortico de Glad. Je l’oblige car il n’aime pas, je sais que ça ne durera pas (les injections), il me le dit aussi et les accepte.

De mon côté, depuis le 24 novembre, jour de notre passage en clinique à Grosbois, je me suis dit  » 30 seringues pour le cortico, on n’en aura pas besoin, il ira mieux avant ! »

Massage, ostéo, pour lui pour l’accompagner au mieux et je vais me l’appliquer « dans la mesure du possible ».

Afstar a compris ce qu’il se passe, je lui ai dit  » maintenant c’est toi qui doit l’aider « . C’est dur pour lui. Je le sais.

 

J’ai du mal à mettre de la joie partout … mais je ne m’en veux pas. Je fais tout mon possible pour être la plus sereine possible quand je vais au pré, mais aussi dans mes pensées et mes mots au sujet de Glad. J’en parle qu’aux très proches, et encore, c’est un choix, toujours le même : vivre la situation point.

Un cauchemar bizarre a fait ressortir une possibilité de culpabilité…. Au moment où j’écris, j’ai depuis compris que cette culpabilité était liée à ma chienne, Gotcha, partie il y a presque 20 ans. 

Récemment, je me suis fait un auto-soin quantique. Ce soin a permis des compréhensions et des découvertes de mémoires transgénérationnelles, mises en évidence après de douces discussions avec ma maman, qui concernaient entr’autres Gotcha, mon enfance et ma difficulté d’incarnation.

 

J’ai un séminaire business de 3 jours juste derrière Paris, je sais que c’est une étape importante pour découvrir pourquoi le job marche pour certains, moins pour d’autres, mieux comprendre l’espace de marketing qui s’impose à tous les pros, qu’on soit en micro ou sarl, désormais le marketing est partout. 

Je n’y ai pas appris grand-chose lors du séminaire, là où j’ai appris, c’est avec les belles rencontres faites, dont Greg H. qui je suis sûre, sera un élément majeur dans l’évolution de notre société pour accompagner les hommes dans l’abord de leur sexualité grâce à son Académie du Masculin.

Ce séminaire, il est encore moins loin que la Belgique, je sens qu’il ne faut pas que j’aille loin. Je dors sur place, avec mon amie Aurore, mais je suis en voiture, 60 km que je peux parcourir facilement.

1er décembre, Glad va bien, je pars. Je suis en lien non stop avec mes amies qui m’aident aux chevaux quand je suis en déplacement et j’ai les caméras.

2 décembre, il neige sur Paris : c’est beau, l’atmosphère est particulière.

3 décembre, Marjorie gère les chevaux le matin, elle me dit  » Glad n’est pas bien ». A ce moment, déconnectée du rythme de la maison, j’étais sereine, Glad mangeait très bien, encore hier le 2, il avait fait ses 3 repas et mangé joyeusement ses kg de carottes. Il n’a pas de température, mais n’a pas faim, et boit un peu mais pas trop non plus au seau (en plus de l’abreuvoir).

 

J’appelle Olivier, Pierre Arthur n’est pas disponible (et oui des fois il se repose), c’est la Docteur Emmanuelle Druoton qui est d’astreinte qui vient. Je suis en attente des news pendant l’heure où la véto arrive, je vois à la caméra que la consultation avance et quand elle m’appelle à 12h30 pour compte rendu : elle me dit avoir laissé un produit pour Glad pour ce soir, qu’il faudra adapter avec le véto habituel le traitement, donc prévoir d’appeler Pierre Arthur dès lundi matin : ok !

 

Choc : je comprends que malgré le traitement, la pathologie avance, bon… je sais qu’il ne faudra pas faire de maintien « pour mon confort » : je le sais. Olivier doit revenir le nourrir dans 3h ; c’est ce qu’il me dit au téléphone.

Je sors pleurer, j’hésite à partir, mais la véto m’a rassuré. Je me questionne « arriver au pré en pleurant alors que dans 4h le séminaire est fini », réponse personnelle « inutile ». 

Je choisis de couper comme je sais bien le faire, je reste, je prévois de filer en pleine après-midi pour éviter les bouchons retour et ça ira.

Ça ira, ça va toujours avec Glad, j’ai dit qu’il était parfait ? 

 

Il est 14h30, Olivier et Marjorie arrivent au séminaire, je comprends que c’est le dernier jour, que je pars immédiatement. Je pose des questions, la véto était rassurante sur la demande d’Olivier mais elle savait que c’était la fin. Après les soins véto du matin, Glad a demandé à aller au pré avec ses copains, tout le monde a suivi sa demande à lui, il venait de recevoir une grosse dose de cortisone et autre produit, le confort physiologique était maintenu, tous ont choisi de respecter son confort émotionnel.

Ils ont pris un Uber pour venir, Olivier conduit ma voiture nous rentrons tous les 3.

 

Je suis dans un état tellement entre 2, je passe d’angoisse à sidération  » ça y est on y est c’est maintenant « .

Dans ma tête, c’est la glue, les neurones ne bougent pas et pourtant je comprends que c’est le jour du passage.

Je me suis connectée à Glad dès leur arrivée, puissamment. Je le sens épuré, éthéré. C’est très particulier, un espace temps où je n’ai pas d’angoisse, comme une pleine acceptation de ce qui est, sans le vivre encore.

Je sais aussi que j’ai toujours demandé à Glad qu’il parte sans euthanasie, je l’ai toujours senti ainsi, c’est un guerrier et un guerrier ne part pas sous les larmes, mais avec ses armes, sa puissance, son prestige, son panache.

 

Une dame inconnue nous appelle ( le numéro d’Olivier est sur une bâche lisible de l’extérieur du pré  » au cas où « )  » un des chevaux est allongé et yen a un autre qui le mordille « .

Je comprends immédiatement.

Je regarde les caméras, il est allongé et les 4 sont autour de lui : confirmation, il est parti, je le sens, le soleil transperce fort pile dans l’axe de la caméra, je fais un screen, je sais que c’est le moment du départ.

On passe à la maison, je change de chaussures et de manteau, je ne veux pas être limitée à cause de ma tenue de ville, et je « sais « .

J’arrive au pré et je demande à y aller seule : Olivier et Marjorie ( qui est présente depuis le matin ) me laissent le temps.

Glad est décédé, les yeux ouverts, allongé des 4 membres.

Forcément je pleure, beaucoup.

Les chevaux ne sont plus du tout autour de lui.

 

Je ne suis pas juste triste, je m’écroule, mon être s’écroule, ma vie avec lui est terminée. Une étape de ma vie est terminée. Je laisse aller mes pleurs et je l’admire : il est parti, seul, sans humain et nos pleurs, comme le guerrier si puissant qu’il a toujours été.

 

Je le remercie, mille fois, pour tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a été pour moi.

Les chevaux restent loin, dans l’abri puis en visu mais pas  » avec  » moi.

Ils savent, je sais, ils ont pu le sentir et le mordiller = c’est normal ! D’ailleurs, sur le bras avant droit (ce morceau du membre qu’on doit bouger pour faire circuler le sang en cas de fourbure…) ils savent, je sais, je pleure.

 

Je ne sais plus combien de temps, mais j’ai eu besoin de m’allonger sur lui. Il est encore chaud. De passer mes doigts dans son poil, lui qui n’aimait pas les câlins, là, je les ai pris d’office.

J’avais tellement peur d’oublier cette sensation de son poil si doux, de la forme de ses naseaux, du moindre recoin de son corps. Je sais d’expérience des personnes que j’ai accompagné dans ce moment de vie, que c’est tout de suite, qu’il faut couper les crins, les poils, qu’on veut garder, après on y arrive plus… en effet, après c’est plus dur, je n’ai pas réussi.

J’ai voulu qu’il soit beau, il a eu chaud (il transpirait aux soins vétos du matin), alors je l’ai brossé longuement, il est si beau, il ne pouvait pas partir sans l’être.

J’ai coupé les crins, les poils, tout en gardant l’intégrité de sa beauté. J’ai ouvert sa couverture de pré. Il n’avait pas de rigidité cadavérique, il venait vraiment de partir tout juste quand on roulait pour revenir vers lui.

Le soleil brille sur cette seule journée de la semaine où il n’a fait que pleuvoir, le roi Glad part sous les rayons du soleil.

On va chercher sa nouvelle couverture, j’en ai une très grande, solide, verte, avec des œillets : je place les piquets de clôture dedans, ainsi les chevaux peuvent s’en approcher tout prêt s’ils veulent.

La nuit arrive, le soir, je ne me souviens même pas avoir nourri les chevaux mais c’est sûr de l’avoir fait. 

 

L’horrible quotidien est immédiatement modifié, le temps présent est comme la mort : inéluctable. Violent, imposant, et tellement éphémère.

C’est horrible de ne pas avoir le hennissement de Glad au moment de la gamelle, horrible de découvrir qu’il faut adapter ses gestes, ne pas sortir son seau, ne pas se creuser pour savoir quel aliment ce repas il voudra manger.

 

Je repense aux injections  » j’accepte car ça ne va pas durer » dixit Glad, et moi  » oui on fera pas tout le flacon d’injection, c’est sûr ». Lui et moi on savait, un de nous deux n’a pas voulu comprendre, le bipède plus sûrement que le cheval. 

Chaque repas, j’apporte un bonbon ou une carotte à Glad, j’ouvre la couverture verte, je passe un temps avec lui, j’en ai besoin. Je le caresse à chaque fois. Je ne peux plus prélever de crins ou de poils, je n’y arrive plus. 

Le groupe cheval est choqué, triste, ils ne vont pas beaucoup près de lui mais ils sont juste en face. Ils vont rester plus de 10 jours prostrés là, les pieds dans la boue sans aller dans l’abri malgré la pluie. Ils viennent manger, ouf ! Je sais qu’ils ont compris, comme moi, mais cela n’empêche pas de souffrir.

La tension énergétique est palpable autour de Glad, d’ailleurs la clôture « claque » énormément alors qu’avant le 3 décembre, fils et piquets étaient identiques, sans bruit.

Je mets en place immédiatement un accompagnement gemmo pour eux, j’en prends aussi. Je décide de n’en parler à personne. Le message privé  » Glad va faire un tour en van » est le seul endroit où je partage un peu, très peu, surtout pour rassurer mes très proches.

 

Ce moment de vie, c’est le mien, je ne veux pas en parler, je ne veux pas qu’on m’en parle. Je veux le vivre seule de moi à moi. C’est le dernier moment de NOUS avec Glad, alors c’est juste lui et moi, je pense aux très proches animaux (chevaux / chats) et humains car eux aussi ils le vivent, mais pas plus.

C’est à moi ce moment, c’est tout.

Je pourrais tuer la personne qui me dirait « il a eu une belle vie quand même, 29ans c’est beau », à ce jour où je relis, je pense que ça passerait encore très mal. Je ressens cette rage de la mère qui défend en attaquant ceux qui passent, alors que son bébé dort. 

Je prends soin de moi, de ma stabilité mentale grâce à toutes les techniques que j’ai apprises jusqu’ici : j’ai l’impression que tout mon chemin passé est venu seulement me préparer à ce que je vis à ce moment.

Je voyage (chamanique) avec la hyène, qui est pour moi l’archétype de la défenseure primale.

Je ne m’enferme pas pour refuser les autres, je veux juste vivre chaque seconde qui me relie à Glad, juste lui et moi, de ce qui reste de nous.

 

Le 4 décembre, nous avons confirmation que Horsia pourra prendre Glad en charge, merci à nous d’avoir le budget pour cela. Certes c’est comme une évidence pour nous, mais savoir qu’on a assez travaillé pour cela (et qu’on continuera à le faire pour les autres animaux) : c’est un réconfort.

Le 4 au soir, je vais donner son bonbon à Glad, il a un peu de sang qui sort des narines, un millième de seconde le cerveau se dit  » il est là, il a besoin d’être soigné, c’est tout » et aussi vite, le cerveau comprend, le coeur souffre à nouveau.

 

C’est une sorte de valse incessante entre lucidité et projection hors de la réalité, je sens parfois que je pourrais « vriller folle ». Je comprends parce que je fleurte avec cette démence qui ferait revenir Glad ou qui l’empêcherait de partir… je comprends et je ressens comme ma stabilité mentale est fragile. On ne peut pas imaginer que la démence soit si proche, tant qu’on ne fleurte pas avec, qu’elle soit si proche, rapidement, presque… insidieusement.

 

Le 5, un arbre est tombé. Grand et long, mort au pied, entouré de gui. 

Évidemment c’est toxique car plein de gui et … afstar en mange… et tout le monde fait comme lui  !

Le souci : ils ne peuvent plus s’approcher de Glad pour la journée.

Propriétés médicinales du gui : 

Ralentisseur du processus cancéreux ; antiscléreux, immunostimulant, hypotenseur, purgatif, antispasmodique, diurétique.

Le gui est le symbole de l’immortalité parce qu’il est toujours vert et reste vivant quand l’arbre qui le porte paraît mort.

La feuille de gui serait également très utile à ceux dont la pathologie devient lésionnelle. L’organisme souffrant d’une surcharge permanente, les émonctoires s’épuisent, l’hypertension, sur fond d’artériosclérose, tente de se soulager par des saignements et l’urée grimpe. L’hyperacidité tissulaire commande un tamponnement constant du sang qui cherche les minéraux dans la masse osseuse. Le système nerveux souffre. À la fin, la cellule déclare forfait en s’écroulant dans un processus cancéreux. Il y a « solidification » des tissus.

 

C’est un beau message de l’Esprit de la forêt et pour moi… de Glad.

L’arbre est tronçonné en morceau, il est toujours dans le pré car trop gros pour être évacué. Les chevaux peuvent s’approcher à nouveau de Glad, s’ils le veulent.

 

Le 5 au soir, je me sens coupable d’avoir hésité, et limite ne pas aller dire au revoir à Glad, comme les autres soirs. Comme si… c’était juste une absence, et que je pouvais laisser passer un créneau… mais non. Je suis allée le voir et Glad n’est clairement plus là, je le sais, même si les clôtures électriques ont claqué presque 3 semaines là où il s’est endormi.

Glad commence à sentir le cadavre, ce n’est plus lui, c’est vraiment seulement son enveloppe, ça m’a fait du bien de sentir, ressentir cela, la hyène est encore avec moi, elle est restée très longtemps.

 

Le 6, c’est le jour du départ de Glad en van, justement. Le monsieur d’Horsia nous laisse du temps, mais il est arrivé en avance alors je me sens pressée, j’ai l’impression qu’on me vole les minutes avec Glad, comme si 1min filait en 10 sec. Ce n’est pas le monsieur, c’est moi qui voudrait que le temps s’arrête, que ce soit une blague, que Glad réapparaisse du fond du pré. 

On a commandé une magnifique composition florale, très grande, joyeuse, avec des carottes pour son départ.

Je lui mets un ruban orange, avec Olivier on veut du gai pour l’accompagner jusqu’au bout.

Olivier a fait faire le double de la clé de la maison en Auvergne pour qu’il puisse venir galoper avec ses copains quand il veut. Je dépose un collier de cristal pour son voyage mais je n’arrive pas à mettre ses affaires à lui, j’ai besoin de les garder.

On a choisi nous, et certains des très proches, de belles chansons et tout le long de notre dernier aurevoir, la musique fuse pour lui.

 

Je porte une grande attention au groupe, à leur comportement, s’ils suivent le van, s’ils sont dans l’attente que Glad se relève, car… ils sont toujours prostrés en face et moi, je suis dans la totale incapacité de communiquer avec eux, de les écouter. Je souffre trop pour entendre leur souffrance en plus. J’émets des messages, des infos, pas plus.

 

Le van d’Horsia vient au pied de Glad, là où s’est endormi car c’est facilement accessible, et c’est encore un jour de grand soleil au travers de ces jours de déluge de pluie, le ciel est comme moi, il pleure, mais là c’est le roi Soleil qui prime.

Les chevaux sont très agités  » aller retour galop » pendant que Glad « monte » en van, mais ils ne vont pas le voir. Ils ne suivent pas le van, ils n’hennissent pas. C’est bien, ils ont compris. C’est au moins cela. La compréhension n’apaise pas la souffrance, mais le cerveau a l’info.

 

Le van part, beau, entièrement blanc et c’est fini. Je suis en larmes pendant que le monsieur charge Glad, après, je souffle et avec Olivier nous rangeons la couverture verte de Glad.

Nous sommes en larmes mais heureux d’avoir fait ce qu’il faut pour honorer Glad.

Olivier a même l’idée d’organiser une fête, très festive, en l’honneur de Glad. 

 

Depuis le 6 décembre, j’ai continué à bosser. J’ai été 100% efficace, je le sais. Couper avec la situation, à chaque rdv que j’ai donné, m’a permise de m’exo-centrer. Chaque séance pro est l’occasion de faire une pause dans ma vie perso, l’occasion de me prouver que je peux séparer les 2. C’est une force que je confirme en moi quand je me donne la possibilité de regarder le beau de ce que j’ai appris ici.

 

Le 8 et 9 décembre, je repars faire mes 2 jours de tournée dans le Nord. J’occulte les situations où on pourrait me demander des news de Glad, je ne mens pas, Glad va bien, c’est ma réponse et j’en suis convaincue.

De façon totalement imprévue, ma présence dans un lieu où je suis pour une séance de géobio quantique et chamanique permet à un cheval de monter vers la lumière. 

La propriétaire très sensible l’a senti, elle arrive de chez elle (savait pour la séance de géobio) et on en parle. Je vis à ce moment, le moment le plus tendu pour moi. 

Restez exo-centrée, ne pas fondre en larmes avec elle, être dans la compassion sans la sympathie pour rester professionnelle accompagnante, être dans l’écoute et la compassion de ce qu’elle vit, qu’elle a du mal à comprendre : c’est ce qui est nécessaire… pas de lui partager ma peine.

Je réussis sans problème, je suis fière de moi. Glad a quitté son corps terrestre à peine 6 jours plus tôt.

Je comprends le message qu’il est temps d’assumer publiquement que je suis une facilitatrice de passage, j’accompagne les individus depuis plusieurs années mais là, je sais que je dois accepter cette étape à franchir.

 

La mort de Glad ne m’appartient pas, le moment de vie que je traverse, pour comprendre et grandir : oui.

C’est atroce à comprendre, je le refuse, mais c’est là dans un coin de ma tête. 

Je ne veux pas parler de sa mort, ne pas parler de ce que je vis. J’ai conscience que c’est pour le garder près de moi, encore un peu. Le garder juste à moi.

Je refuse que le petit groupe de gens à qui j’en ai parlé, en parle autour d’eux : pour les mêmes raisons. Je veux qu’il m’appartienne encore.

Je sens en moi, la rage de la mère qui a mis bat et qui refuse qu’on lui enlève son petit mort né. Je sens en moi cette rage, mais ce n’est pas de la colère envers l’Univers, ou Glad, d’être parti. C’est une rage viscérale qui me tient en suspens entre la vie réelle, adaptée à notre société, et le gouffre où j’ai senti plusieurs fois que j’aurais pu tomber, ou plutôt me laisser tomber.

De nombreuses fois, j’ai senti avoir frôlé la démence, frôlé le choix qu’on pourrait appeler « folie ». J’ai senti que j’ai fleurté avec cette déesse qui m’a tendu les bras : celle où plus rien ne serait de ma faute, mais de celle de la tristesse, celle où je n’aurais plus à choisir et agir mais me laisser baigner dans la souffrance, celle où j’aurais uniquement focalisé sur Glad et quitter ma réalité.

J’ai senti que je m’approchais du fil, de cette porte mince comme une feuille de papier, où j’aurais pu juste vriller, et j’aurais eu l’excuse de la souffrance. Une partie de moi, une partie de mon Ombre, avait envie de cette facilité. 

J’ai aussi senti ma force, mes pleins choix, ma puissance d’exister et d’avancer là où je veux.

Je n’ai pas refusé ou choisi la vie réelle pour me prouver quoique ce soit. C’est le fait de choisir, d’être actrice de ma vie et en même temps de m’autoriser à souffrir sans limite, pleurer sans sécher mes larmes, à crier (dans mon coussin pour ne pas inquiéter les chats de la maison) sans me retenir, c’est ce choix contraignant, lourd, gluant qui m’a prouvé ce qui existe au creux de moi : mon choix de vivre et d’exister.

 

Qui je suis ne peut pas sombrer, j’aime trop la vie, la lumière, les joies et danser dans ma vie en lien avec les animaux et les humains. Mon job, celui que j’ai créé pour moi, me nourrit et je ne veux pas quitter cela non plus. Ainsi, mon choix de ne pas sombrer s’est fait simplement mais pas facilement dans sa mise en application.

 

J’ai gardé chacun de mes rdv, chaque événement prévu au planning de ma vie. J’ai travaillé le 6 décembre après-midi par exemple, 100% efficace. A chaque fois, j’ai réussi avec brio à m’exo-centrer, à chaque fois j’ai été à 100% dispo pour l’autre : exactement ce que j’avais prévu de vivre si Glad n’était pas parti. 

A chaque fois, j’ai été fière de moi. J’ai renforcé et validé mes compétences d’accompagnante, d’être humaine ancrée et stable. 

Dans ce même temps, où la vie continue, je reviens au creux de ma vie personnelle et des mes souffrances.

Il faut s’occuper des chevaux qui font comme ils peuvent… au mieux. Eux aussi vivent le choc, la tristesse, la souffrance et en plus se réorganisent entre eux.

Dans ce même temps, les chats de la maison ressentent et encaissent nos larmes, nos pleurs, un peu plus de vomito, un peu plus proche de moi pour Stella.

 

Olivier a eu besoin d’organiser une fête en l’honneur de Glad. Une après-midi festive, joyeuse. Mes temps de conscience et d’ouverture à la vraie vie me permettent d’envisager cette journée avec joie. Olivier en a besoin pour lui aussi, personnellement, il a besoin de tout faire pour bien aimer.

J’accepte et mes phases « de clarté mentale » m’emmènent sereinement jusqu’à ce jour : dimanche 10 décembre. 

 

À la maison, les ami.e.s arrivent.

Un ruban orange est proposé à tout le monde. Je suis souriante autant que je peux, je ne pleure pas. On mange, on boit, tout le monde est présent pour l’honorer, dans la joie. Glad n’aurait pas voulu d’apitoiement, parti en guerrier, une fête joyeuse pour un guerrier.

Les photos que nous avons sélectionnées dans la semaine (dont les premières ont dû être scannées car datent de 2000) se succèdent à l’écran dans le salon. La joie est de mise. Je vis un mélange de joie, de devoir assumer de parler de Glad, nos exploits, nos rires, nos réussites, et à chaque minute je pourrais sombrer en me mettant en boule et en pleurs. C’est un état étrange qui ne passe pas inaperçu aux yeux de ma petite maman d’amour, venue d’auvergne pour l’occasion.

Je respire, je tourne au champagne, je mange quelques gâteaux qui tournent autour du thème  » joie gustative du cheval » : carrot cake, gâteau à l’avoine et au miel etc. C’est beau, c’est bon, Olivier a fait les choses en grand, parfaitement, comme il sait si bien le faire.

J’ai proposé à ceux et celles qui le veulent d’amener un rosier qui sera planté à l’endroit où Glad a décidé de s’endormir. Certains sont venus avec d’autres sans, tout est parfait.

J’ai un peu bu, Marjorie assure le trajet jusqu’au pré, on va à quelques uns au pré, voir les chevaux (et faire ce qui doit être fait). On rentre, surprise d’Olivier, en petit comité, repas à la maison. Là je sens que je suis au maximum de ce que je peux gérer : je suis là sans être là. Je mettrais cela sur le compte  » du champagne »  et ça passe nickel.

 

Je me couche, épuisée de cette double gestion émotionnelle, fière d’avoir réussi et en même temps, je prends conscience que je me rapproche de cette porte de papier, si fine, qui pourra m »emmener vers la facilité de sombrer. Je le sens dans mon corps, je sens cette énergie qui m’appelle.

Cauchemar de plusieurs nuits, je règle beaucoup de choses avec des entités qui passent me voir. Je reçois des propositions de l’Ombre, celle où je ne veux pas aller. Dans mon boulot aussi, des étapes qui me demandent de confirmer mes choix dans les dimensions où je veux « vraiment » oeuvrer. Les matins, pas de souvenir, juste un ressenti énergétique et une pleine conscience de devoir reprendre le fil de la vie joyeuse et lumineuse. 

 

Le 11, journée boulot en duo avec mon amie Emmanuelle Bonneaud qui n’a pas pu venir à la fête, elle fait partie du groupe de très proches. Nous parlons un peu de Glad, du départ, on échange sur ce que le départ de Glad a fait naître comme angoisse et questionnement chez elle. 

 

J’aime ces échanges, car ils sont très courts et utiles à l’autre : ça me garde en vie, du « bon » côté. Mon expérience de vie peut servir à faire grandir d’autres personnes. Cela crée chez moi de la satisfaction, comme du travail bien accompli.

Cette satisfaction va rester et se faire un peu plus présente dès que j’arrive à en parler.

Toutefois, je n’en parle qu’avec les gens qui sont au courant depuis le début : très peu de gens donc. 

Je veux toujours garder sa mort pour moi, un événement de sa vie, de notre vie, que je ne veux pas partager plus qu’à quelques miettes autour de moi.

 

12 décembre, ostéo pour moi. Mon corps semble bien gérer, je suis fière de moi. Je connais aussi mon fonctionnement… tenir pour ne pas craquer. Je fais tout ce que je peux pour ne pas reproduire ce schéma pourtant. Le rdv du 23 janvier confirmera que je n’ai pas réussi à éviter ce schéma et exprimera donc bien plus tard le violent impact vécu.

14, 15, 16 les soins pour les chevaux s’enchaînent car c’est dur pour eux.

Ils profitent, mais pour chaque intervenante c’est dur aussi pour elle, de venir et être là, sans voir Glad. Chacune fait partie du groupe de très proches.

 

Le 18, dans les séances que je dispense, encore un accompagnement de passage d’âme : je ne suis pas surprise, j’ai compris désormais qu’il y a une étape de vie à valider, assumer, mettre en avant pour moi : assumer publiquement.

Même jour, une communication prévue depuis longtemps avec une jument que j’ai beaucoup accompagné, même au moment de son dernier moment de vie « accompagné du vétérinaire ».

J’avais décidé de remettre mon site internet à jour sur la clarté des textes, je décide de rajouter « ce que je fais vraiment » et je crée sur site la séance  » au-delà de la vie et de la mort ». 

 

Ça y est, je reçois un message de Glad (je n’en demande toujours pas) et j’entends  » tu es sur ta voix, tu as entendu, tu es prête ».

Je ne ressens pas de fierté à cela, mais c’est comme si je voyais la tomate qui a poussé sur le plant que j’ai planté. Une satisfaction mais un senti « logique » sans joie.

 

Le 22, mon amie Marthe reprend la palette d’aliments que Glad ne mangera jamais. Je ressens comme si je me séparais d’un morceau de lui, de ses affaires. C’est une bonne chose sur le plan pratico-pratique et financier mais c’est très dur à vivre émotionnellement.

 

Le pratico-pratique me fait ressentir que je m’écarte de Glad. Je pense à toutes ces personnes âgées, dont on se moquait un peu, car elles ne voulaient pas déplacer, jeter ou même plus, elles voulaient mettre en avant les affaires de leur défunt.

Je commence à vouloir parler de Glad, voir Glad, dans toutes les situations de vie quotidienne. Je sens assez vite que c’est proche d’un état psychotique.

J’ai la faculté confirmée de changer d’état d’observateur de ma propre vie. 

Cet état est profitable et en même temps, je le sens, il me sort de mon corps, de ma vie. 

Cet état me positionne intellectuellement et émotionnellement dans un fonctionnement profondément ambivalent : j’aime car je sors de la situation et je vois clair, j’aime car je sors de mon corps et je quitte ma réalité de souffrance.

Je n’ai jamais pris de substance toxique (légale ou pas) qui influe sur le psychiatrique mais je prends conscience que je fleurte avec : j’augmente l’attention sur cet état, et je vis ce que j’ai à vivre, sans le freiner.

 

Cela fait presque 3 semaines que Glad est parti, pas de news d’Horsia, pas de news des cendres de Glad, du reste de son incarnation. Nous avons eu confirmation que tout s’est bien passé comme cela devait, juste le délai est plus long car ils sont en manque d’urne. 

 

Je ressens fort sa présence, mais il passe de façon furtive. Les sensations et les messages reçus sont percutants, courts, incisifs, plein d’amour pour comprendre une situation ou une autre que je suis en train de vivre. Aucun ne sont en rapport avec lui, ou avec nous, seulement des messages de sagesse de lui pour moi. Exactement, comme il était dans sa vie incarnée.

Des messages, même si j’en ai la compétence, je n’en ai jamais demandé, je n’en ai pas la force psychologique et je sais que je risquerai d’aller trop loin, fleurter de trop près avec le mauvais côté de cet état ambivalent, celui qui a envie de ne plus être dans cette réalité ordinaire que je vis.

 

Depuis la fête pour le départ de Glad, où j’avais proposé de porter un ruban orange à chacun.e, en mémoire du ruban que Glad portait au moment de son départ en van avec Horsia, raccord aux fleurs qui ont été mises avec lui, raccord avec la composition florale présentée sur la table lors de la fête, bref… raccord, raccord, raccord, j’ai besoin de trouver un objet qui va matérialiser mon lien avec lui, juste pour moi.

Je trouve ! Perfection, une créatrice LAH Bijou a monté son entreprise en 2020 avec l’envie de créer des bijoux qui bougent, argent recyclé (j’aime !) et a créé une ligne nommée Le Fil. Perfection ! Tout y est, mon besoin d’éthique, d’écoute (Hélène est formidable), j’admire la beauté du bijou, j’assume la chaîne – qui va m’enchaîner avec une maille forçat, j’assume toute la symbolique -, j’aime le « fermoir » qui est un bijou à lui seul en forme infini ouvert dans laquelle on glisse la chaîne, je craque sur la médaille en forme infini que je peux rajouter et faire graver : je choisis INDÉFECTIBLE. 

J’ai trouvé, je patiente car les pré-commandes seront accessibles début janvier.

 

Le matin du 24 décembre, je sens que la journée va être particulière, je le mets sur mon état d’indigestion en cours depuis la veille. Il y a pile un mois, nous avons appris que Glad avait un lymphome généralisé. Tout passe si vite, impossible à retenir. La soirée du réveillon va être détendue, je ne m’occupe de rien. 

 

C’est le matin, je me laisse glisser devant un petit film dessin animé sur la naissance de Jésus. C’est beau, c’est doux, et quand le film arrive aux rois mages qui cheminent vers l’étoile céleste, je fonds en larme. Voilà, on y est, 21 jours après son départ. Je le sens partout présent pour quitter cette réalité ordinaire. Je pleure, je sens en direct qu’il part vraiment plus loin, plus haut, là haut de l’autre côté. Je ressens dans mon corps et mon cœur que son âme me salue pour quitter cette étape d’entre deux dans laquelle il avait choisi d’exister encore un peu tout en faisant les aller retours avec là haut de temps en temps. Je ressens que son âme était partout, en syntonie avec la mienne, et que là, c’est le moment qu’il s’écarte, qu’il se déscratche de moi, pour lui, d’abord pour lui. Il a raison, d’abord lui, je ne retiens rien, je pleure et le sentant, physiquement, se détacher de moi.

Je pleure profondément, je pleure des sanglots silencieux pendant que mes larmes coulent sur mes joues. Plus je pleure, plus je le sens partir, plus le film avance vers le regroupement des animaux autour de Marie qui va accoucher. Je pleure pour célébrer son départ, célébrer mon acceptation forcée, célébrer qu’il quitte de son plein choix cette dimension, célébrer son ascension vers là haut.

Accepter de souffrir, accepter son plein choix, accepter car lutter ne sert plus à rien.

 

Plus tard, tout s’apaise peu à peu. Je passe de souffrance, pleurs, acceptation, début de joie et de fierté en pensant à ce que j’ai traversé. Je commence à écrire peu à peu, par bribes.

Je prends du recul sur le vécu corporel aussi.

Je sais depuis des années que je suis porteuse régressive de Lyme ( confirmée en biorésonance et différents tests). Bon … j’ai toujours géré. Suite aux shoots répétitifs de stress et autres émotions, neurotransmetteurs et hormones se sont… excités. Brouillard et lourdeur intellectuelle, rien à voir avec la souffrance de la tristesse dont j’ai parlé en amont, c’est vraiment sur un autre plan, ici cognitif, que cela se trame.

J’ai donc découvert le terme de neuro borréliose, je coche toutes les cases, 100% gagnante… bon … je préfère pencher vers ça qu Alzheimer précoce ( la neuro borréliose est suspectée en être les prémices mais tout ça est très nouveau dans les études et … Lyme n’étant pas reconnu en France on va pas être au matin d’envisager la neuro borréliose comme son précurseur… bref !). Je la fais courte, c’est pas pour rien que j’accompagne des cas de Lyme ayant impacté la barrière hemato encéphalique !

L’Univers fait bien les choses, j’ai été guidée il y a déjà 2 ou 3 ans vers la personne qui me conseille et conseillera de nombreuses autres personnes dans ce monde : Aurélie H. est une femme d’exception sur cette Terre !

 

29 décembre, la boucle est bouclée. Les cendres de Glad sont revenues jusqu’à nous. Horsia les livre chez le véto qui a suivi le cheval : donc clinique Desbrosses. Olivier va les récupérer. Nous avons 100% de ces cendres : un tonneau de près de 25 kg et une jolie petite boite. Nous avons tous les objets qui avaient été déposés avec lui aussi. Le tonneau trouve sa place, d’un commun accord, dans la maison, la petite boîte reste dans ma chambre. 

Il y a eu un beug administratif, la date du décès sur le certificat est fausse, datée à avant le jour J réel : je le vis très mal. Un moment de panique me fait penser que les cendres de Glad ne sont pas celles qui sont avec nous, pourtant tout porte son numéro de dossier. Plus tard, Horsia fera des recherches et s’excuse, confirmant que tout a bien été fait, un nouveau certificat est fourni. 

 

Dur à vivre, mais avec l’honnêteté intérieure que je m’exige, je ressens que c’est peut-être mon non-conscient qui a créé cela. Tout rentre dans l’ordre et je fais un voyage chamanique pour libérer mon non-conscient. Mes animaux de pouvoir sont très présents, la porte entre le visible et l’invisible s’est amincie, comme une feuille de papier à travers laquelle je vois et j’entends. En même temps, ma notion du temps et de la réalité se rétablit peu à peu. Je n’ai pas pris les plantes conseillées pour la neuro borréliose mais j’ai fait plusieurs voyages chamaniques pour aller à la rencontre de la médecine de chacune d’elle. Je ressens leur pouvoir au fur et à mesure de mes connexions hyper-sensibles et cela contribue à me stabiliser.

Je sens que je commence à profiter des enseignements vécus, reçus par l’expérience du départ de Glad : le cheval de ma vie.

Je sais profondément, je le ressens sur tous les plans et désormais j’accepte : sa mort ne m’appartient pas, c’est son expérience à lui, c’est un événement de sa vie, qui est venu en corrélation avec la mienne. Je l’ai toujours su, il m’a tant appris et m’apprend encore : j’assume la fierté de mes apprenti-sages qui se dévoilent peu à peu.

 

7 janvier, on part, comme prévu suite au décès de Glad, et parce que je savais que cela serait une étape nécessaire à l’avancée de la vie, une semaine à la montagne. 

On part le dimanche soir, après les 3 premiers jours d’enseignement chamanique Munay Ki. Je dispense et je revis les rites initiatiques incas. 

 

Mes connexions et lecture à haute voix du Peuple des Etoiles me transportent vers Glad. Je le sens présent, très loin, pas à mon chevet, mais … L’honnêteté intérieure oblige, en vrai, là je n’en ai pas besoin. C’est à nouveau un élément de tristesse qui remonte. 

Comme les élans de parler de Glad en rapprochant les souvenirs de son passage sur Terre à tout ce que je vis dans ma réalité ordinaire, toujours à mon mini groupe. J’en ai conscience, je sais que c’est source d’instabilité forte, donc je ne remonte pas à cette source. Je respire, je n’en parle pas, c’est trop tôt, et je gère ; j’y arrive, je suis fière de moi.

 

La montagne est une ressource puissante pour moi : régénération, ancrage, contact avec l’Esprit Montagne, Forêt, petit peuple. Je pars marcher, seule, de nombreuses heures, je finis de nuit : j’aime cela.

Seulement là-bas, j’ai communiqué avec les chevaux de la maison, depuis le départ de Glad. Avant, j’avais envoyé des informations, je suis restée en lecture intuitive de chacun, dans mon écoute énergétique et émotionnelle mais pas de communication.

J’ai aussi, pour la première fois, demandé à Glad de recevoir un message  » conseil « . 

 

29 janvier, je reçois le bijou commandé. Les gravures et la qualité du collier sont formidables. Je l’essaie. Je le trouve, trop lourd, trop court, trop gros, trop beau… En moins de 30min que je le porte, il se fond en moi. Je comprends que les « problèmes » ressentis sont seulement l’expression de ma compréhension : ça y est, c’est fini, c’est la dernière étape de matérialisation du départ de Glad.

 

Maintenant, il est parti depuis le 03 décembre et il existe dans mon cœur, mais son départ est derrière, car la vie avance, le mouvement est en marche, la vie est en marche. Chaque jour m’écarte du moment de son départ, chaque jour cette p…e de vie (j’assume) m’écarte de Glad, du cheval de ma vie. Oui, chaque jour de ma vie m’écarte de son choix de quitter la sienne, et je ne peux faire qu’accepter… et râler, rager, un peu encore de temps en temps. Je sais que ces moments de rages ne sont que l’expression de mon besoin de me remettre en lien avec lui. Je le sais, cela m’apaise de vivre ces accès de rage :  ici j’avance dans la compréhension de matière de ma phrase partagée il y a longtemps  » je suis en équilibre dans mon déséquilibre ».

 

29 janvier, bijou en l’honneur de Glad parti à 29 ans dont ses cendres sont revenues le 29 décembre : je choisis d’y voir un lien fort. 23 ans de vie commune qui sont passées comme 23 jours, ma vie qui a été complètement autour du cheval de ma vie. Glad parti en 2023 le 03 décembre après avoir appris le 24 novembre son lymphome généralisé, alors que début novembre il était en pleine forme.

La vie est comme la mort : inarrêtable.

 

Le groupe cheval : lors du départ, eux ont vécu le choc, puis presque plus stable qu’avant le départ de Glad jusqu’à fin décembre. Ensuite, une succession d’évènements a complètement fait vriller le groupe. J’ai du utiliser bien plus que des plantes pour les aider car c’était comme si un autre mode de fonctionnement, uniquement en lien avec la fuite, la peur ne s’apaisait que pour aller jusqu’à l’hyper vigilance… oui oui l’hyper vigilance était le mode de fonctionnement le plus calme qu’ils avaient 😞 

Après une période d’écoute, de compréhension, de prise en charge sur tous les plans, j’ai demandé au groupe (pas aux individus) quelle était la solution ? leur besoin ? 

Nous sommes ici quasi fin janvier, ça fait plus de 5 semaines que c’est très très complexe au pré.

Réponse : personne ne veut être le chef du groupe, il faut que je prenne la place. OK, je sais faire. Du jour au lendemain de chaque comm », les filles qui m’aident au pré et moi-même avons constaté de belles évolutions. Chouette, la solution semble se dessiner et le groupe s’apaiser. Puis ça reflambe très fort, je fouille plus loin, je comprends, j’espère que la solution arrive enfin. A voir, dans l’avenir !

 

Je pleure, finir cet écrit, c’est finir encore un lien avec lui. Oui il est partout, mais oui, garder un sujet « en cours » ça garde le lien, même si cela crée une fuite énergétique à chaque fois. Qu’est-ce que je préfère ? Une fuite énergétique et un lien ou une boucle fermée et mes souvenirs : je choisis, comme l’infini de mon collier, je choisis l’infini ouvert.

 

Au 4 février 2024, je crois que je suis prête à en parler. Hier soir, j’ai réussi à le dire, simplement et sans pleurer à un intervenant extérieur : suis-je prête ? peut-être…

8 février, je commence à pouvoir répondre à quelques questions, je sens que je suis prête. Je veux relire, voir s’il y a des choses que je veux rajouter.

Le réseau internet est HS comme pour me dire « arrête avec la vie qui va vite, finalise », alors je viens ici, je finalise mon écrit.

Je suis prête à relire, prête à (essayer) d’être claire, et peut-être même prête à répondre aux questions, mais je pense surtout que cet écrit donnera les réponses les plus courantes.

Cet écrit, je vais le garder, je vais le mettre sur mon site internet, car il est une partie de moi, qu’il me permet de garder Glad près de moi. Mon ancien site internet était besuperglad.fr, quitter ce nom de domaine avait déjà était très dur, ça remonte à 3 ans.

Ce texte est comme ce collier que je porte chaque jour : je porte avec moi mon récit, cette étape de vie. Elle est déposée pour être gardée, mais à l’extérieur de moi : comme une valise qui fait partie de mes bagages, à côté de moi, mais pas DANS moi, la nuance est très forte pour moi. A ce jour, elle me convient.

Je garde les souvenirs de Glad, qui a si bien partagé, participé à ma vie au cours de la sienne.

 

8 mars, je fonds en sanglots longs et profonds de revoir une photo souvenir Facebook. Je réalise que les moments difficiles récents, vécus avec l’émotionnel du groupe cheval, m’ont écarté un temps de ma peine que je croyais apaisée. Non. Je n’ai toujours pas pu partager, ni cet écrit, ni le départ de Glad. Impossible. Je sais que lorsque je l’aurais dit, ensuite, Glad fera entièrement parti du passé pour les autres. Pour le moment, il existe encore dans l’espace temps des autres, et donc d’une certaine manière, pour moi.

Je me vois comme une personne assise au sol dans une grande ville pendant que tout le monde marche, sans me voir. Sans voir que je voudrais ralentir ce temps, ralentir et revenir en arrière. 

Alors que je répète, et que je crois fermement, que le temps n’existe pas, un morceau de moi voudrait le remonter, voudrait crier pour annuler tout ça, annuler son départ.

Je pleure Glad et je ne veux rien partager car ce serait parlé de son départ, dire que Glad n’est plus là. Quand on me parle d’autres chevaux et qu’on me dit  » comme Glad », je réponds « oui ». Je ne mens pas, c’est « oui » dans un espace temps différent. Oui, il va bien. Oui, il a plus de 28 ans. Je ne mens pas, mais je n’arrive pas à parler de son départ car ce serait avouer que c’est fait, que c’est fini.

 

Je reçois pourtant très régulièrement des messages de sa part, sans en demander, qui me poussent à finaliser cette étape de vie, le dire, l’assumer, remettre à sa juste place le moment de son départ, fermer cette boucle énergétique qui est toujours ouverte. La vie ne serait-elle pas une énorme boucle énergétique qui fuite jusqu’au moment de notre décès ?

Récemment, je me suis questionnée sur la cause d’un sentiment de désalignement, il m’a été suggéré que c’est parce qu’au moment où je vivais sur le plan perso d’atroces moments de souffrance, sur le pro je « rayonnais ». J’ai questionné avec beaucoup d’honnêteté car la réponse allait impacter mon état actuel et à venir, je le sais. On peut mentir à son mental, pas à son ressenti de cœur, son ressenti intérieur.

J’ai pu confirmer que « non » ce sentiment de désalignement ne venait pas de cela. J’ai toujours été honnête, avec moi et l’autre, lorsque j’ai répondu aux questions  » ça va ? ». Ces questions relevaient d’échanges professionnels, alors je n’ai pas menti. Quand on me demandait si  » Glad ça va », je n’ai pas menti, là-haut, il va bien. 

Ce désalignement venait d’autres choses, je l’ai rectifié d’ailleurs, mais c’est un autre sujet.

Couper entre son pro et son perso ne fait pas de moi une personne fausse, c’est une action de protection, de séparation des 2 plans. Non, mes clients n’avaient pas à le savoir, encore moins à le subir. Oui, mes ami.e.s n’ont pas à me reprocher de ne pas parler de ma souffrance intérieure ; et personne ne l’a fait. 

Pourtant, je sais que parler du départ de Glad ne sera accueillie qu’avec plein d’amour autour de moi. Je sais que le dire ne le fera pas partir plus loin. Je sais que le dire ne changera pas ma vie ici, ni lui là-haut. Je sais que j’aurais toujours des contacts, peut-être encore plus forts quand je m’autoriserai à les recevoir voire à aller à sa rencontre par mon choix.

Mais… le savoir est l’apanage du mental et le choix chante une autre chanson.

Le choix me dit  » garde moi près de toi, garde moi auprès de ton cœur, garde nous rien qu’entre nous ».

Pourtant, il y a des gens que j’aime à qui j’ai envie de le dire, par amitié, car je sais que ces personnes tiennent à moi et qu’elles sauront me comprendre. 

Mais une fois que je l’aurais dit, je ne pourrais plus revenir en arrière et faire que personne ne sache. 

Ne pas le dire c’est garder Glad encore un peu ici, et rien que pour moi.

Je vis et revois tant de personnes que j’ai accompagné dans des deuils longs et douloureux. Je les entendais et comprenais si bien (ce sont leurs mots), sûrement parce que, sans le savoir, je me projetais dans l’avenir et je goûtais un peu de cette souffrance que j’allais vivre avec le départ de Glad… puisque le temps n’existe pas.

Chaque départ est unique, chaque souffrance est entendable mais pas vivable à la place de l’autre. Dans la souffrance, on vit chacun.e notre chemin, on dit qu’on porte notre croix, je pense qu’on la porte enfoncée comme un piolet dans le cœur. Guérit-on un jour pleinement, j’en doute. Je pense qu’on s’habitue à ces moments de sanglots qui jaillissent suite à une photo, un souvenir.

Ma consolation à ce jour, c’est que je me souviens encore de la douceur de son poil dans mes mains (c’était ma peur) mais je n’arrive pas à toucher ceux que j’ai gardé ni à demander à qui que ce soit, fusse-t-elle de grande confiance pour moi, de fabriquer quoique ce soit avec ses crins. 

Je sais que je tente de figer un temps qui n’existe pas car le temps passe et s’envole, puisqu’il n’existe pas. Voilà qu’une page a4 plus tard, mes sanglots sont apaisés. Écrire ici pour le garder à moi, puis un jour le partager, me permet de garder le lien avec lui. Je me surprends à penser à ces gens, devenus fous de douleur, qui gardent l’être cher, pourtant décédé dans une position physique comme « en vie ». Je commence à comprendre les personnes qui font empailler leurs animaux et leur parle tous les jours. Je sens cette limite si proche, je la regarde comme les flammes d’un feu qui m’appellent mais dont je suis de plus en plus loin.

Serait-ce cela guérir de la souffrance ? 

 

20 mars, Ostara, jour de printemps : tout me pousse à parler du départ de Glad. Je croise régulièrement des personnes à qui je pourrais en parler, mais ça bloque. Trop de questions qu’on risquerait de me poser et pour eux… trop de but en blanc, veulent-ils recevoir une nouvelle si percutante ? 

Un stage donné il y a quelques jours, j’ai tiré une carte d’oracle  » Recommencement  » qui m’invite à fermer les boucles énergétiques ouvertes : je sais, je comprends, c’est si dur. Aux personnes qui savent, je dis  » je crois que je vais être prête à fermer la boucle du départ de Glad », et je reçois des félicitations. C’est si dur, si dur de me dire qu’il est parti, si dur de passer une dure soirée comme aujourd’hui, et de ne pas pouvoir aller enfouir ma tête dans ses poils, même s’il râlait, je prenais le droit de le faire. 

Mon collier, en chaîne forçat accroché à un infini ouvert, s’est ouvert et à glisser alors que j’avais beaucoup marché, je l’ai récupéré en le regardant glisser. Je sais que c’est un message de Glad, qui signifie  » laisse couler, tout est toujours là » et j’y crois, dans une partie de moi.

J’étais mal ces 15 derniers jours, pics de neuro-borréliose répétés, j’ai géré le quotidien comme j’ai pu. Des amis proches sont venus, ils savaient pour le départ de Glad donc ça a été pour eux. Moi, très dur à gérer, ça me renvoyait à  » quand Glad était encore là », ça m’a forcé à fermer une boucle énergétique, et quand c’est dur à gérer… mes accès de « trop tout  » ressortent, pic de neuro-borréliose en rab, ça a explosé à l’intérieur de moi. Avec des ratés sur l’extérieur, comme lorsque je suis dans cet état, ce qui m’a octroyé la chance d’entendre à nouveau  » anormale, inadaptée, trop …  » ; c’est ainsi, je le suis et ce n’est pas facile à vivre, j’essaie de m’adapter. Autour de moi, quand ça va, c’est entendu, quand ça va pas c’est reproché, alors que c’est justement quand ça va pas que j’aurais besoin d’être entendu, mais le « autour de moi » souffre de qui je suis, alors à nouveau, j’ai envie de partir loin avec mes chevaux… mais ceci est un autre sujet. 

Accepter son départ, c’est me dire que plus rien n’est assez stable autour de moi, pour me soutenir quand moi je perds pieds ; chez les humains, comme je suis « trop », je deviens persona non grata. Heureusement, je sais bien couper et je reste efficace dans mon job. Quand le neuro part cueillir les pâquerettes, l’intuition reprend tout ce qu’il laisse, alors dans mon job, j’y recouvre mes capacités, certes en bafouillant un peu, ainsi ça me rassure sur qui je suis, je reviens au stable et au connu ; le job n’est pas une cachette mais une ressource pour moi.

 

Peu de temps avant, j’allais mal ++, j’ai demandé de l’aide, j’ai repris mes médocs, naturels rien d’autres n’existent de toutes façons, et j’ai fermé toutes les boucles énergétiques possibles, même les petites : ça m’a aidé, je me suis aidée. 

La connexion énergétique à une plante, une situation, est plus efficace pour arriver à une résolution, que de prendre des substances extérieures, soins extérieurs compris.

Ça pourrait paraître cool, mais non, car quand je n’ai pas accès au combo  » force mentale + la disponibilité émotionnelle + l’intuition  » juste pour moi, ce qui vient de l’extérieur m’aide mais… uniquement dans l’objectif de récupérer mon combo. Je suis seule à pouvoir m’aider, on est tous les meilleurs guérisseurs pour nous-même, ce qui est autour est une aide mais la puissance est au creux de nous : tous !

 

21 mars : je viens de me laver les cheveux, je perds énormément mes cheveux, je sens poindre la mémoire de date anniversaire de l’accident de moto (il y a 2 ans le 26 mars) et je sais que je dois fermer cette boucle en confirmant le message que j’avais à recevoir au moment de cet accident : RALENTIT ET SOIT DOUCE AVEC TOI.

Je sais, qu’être douce, sera désormais, de partager ce recueil. Je n’ai pas de mal, ni de souffrance, à parler de mes déficiences.

Je veux le garder pour me souvenir des détails, je veux le partager pour parler du départ, du deuil, peut-être aider d’autres humains à se reconnaître.

RE                              re

CO                             co

NAÎTRE                     mencer

 

A ce jour, je ne sais pas si je suis prête à recevoir des questions : on verra bien.

A ce jour, je ne veux pas de condoléances (signifie : souffrir avec) car je veux sortir de la souffrance en partageant tout cela, je n’ai pas envie que vous souffriez même si je reconnais que cette nouvelle peut vous faire souffrir au creux de vous, à vous.

Un message de la part des gens qui auront pris le temps et l’énergie de lire mon texte, un message d’un mot ou d’une flopée de phrases, ça oui, ça me fera du bien.

J’ai commencé à écrire ce texte au moment du décès de Glad, par bribes, puis il a été un exhausteur d’émotions jusqu’à ce jour.

 

27/03 : ça y est, ce texte se nomme Recueil d’un deuil. Glad va bien, Glad est mort. Je suis enfin prête à le partager. 

Je le fais pour parler du deuil.

La perte est une étape, le deuil une autre.

Nous sommes tous unique fasse à cette étape de vie à traverser, et nous la traversons toujours seul.e, entre nous et nous.

J’ai vécu des étapes de “folie”, et j’ai réussi à dépasser la 1ère étape du deuil.

Je partage désormais, et ce sera la 2ème étape, comprendrons ceux qui liront.

Mon but est d’avancer car je m’y sens prête. Autant prête que lorsqu’on a payé pour sauter à l’élastique du haut d’un pont, où on se dit “bordel, j’ai envie, mais j’y vais ou pas ?!?”

Voilà, je laisse ce texte sur mon site internet, comme un hommage à Glad, à Be Superglad (mon ancien site), j’accepte d’ouvrir une nouvelle page.

Une page vierge, blanche, la même que celle qu’un auteur doit remplir pour avancer sur le livre qu’il a pourtant très envie d’écrire.

Pleine de flottement, j’avance, la vie c’est le mouvement vu comme ça bouge … confirmation “ je suis en vie, j’existe ! “